Un chemin


Après de longs silences, de longs moments
J'avais laissé les douleurs dialoguer avec les sillons
Creusés par mes rides aguerries, mes larmes cueillies
Aux fleurs glacées de Février, devant l'eau sacrée de cette rosée.

Au cœur de ces sillons, chaque caillou, chaque empreinte étaient là
Brisés chaque saison par la pluie et ses gouttes acérées, envoyées comme des lances.
Chaque élément qui posés dans mes sillons, avait son importance, son passé, son histoire.
Les miettes de ce que l'on était, notre surface balayée par les vents de l'inconstance,
Érodées par nos errances, fatigués de nos peines, nos cœurs serrés.

Nous aurions pu voler, voguer au gré de nos intempestives intempéries.
Nous aurions pu partir, savoir où aller et nous relever seuls et contre tout.
Mais nous n'étions que miettes, que morceau d'un tout trop grand pour le discerner.
Pourtant pas de brume devant nos yeux, pas d'éclat dans nos rétines.
Sommes nous éteints, pourtant pas encore morts, pourtant pas encore.

Au fond du cœur, une lueur fragile, flamme vacillante, un battement de cœur.
Un sombre tambour qui fait vibrer nos miettes, les soulever de terre
Le vent reprend au rythme de nos souvenirs, un tourbillon de lumière
Une vague d'espoir dans ce sillon sans fin, une musique caressant nos sens
Chaque élément à force de tourner, s'entrechoque, se confronte, se casse et s'agglomère.

Nous nous reconstituons ensemble, nous nous embrasons sous la force de ces instants.
La flamme devient feu, ardent et puissant, sans cesse alimenté par nos sentiments.
Le feu enflamme nos cœurs, le temps ne brûle pas nos empreintes d'antan.
La terre devient pierre, modelée par nos vies, nos chemins se croisant.
Nous prenons vie, malgré nos évidentes forces, nos apparentes certitudes.

Mais le vent, l'ouragan qui un temps embrase nos vies, comme une source cachée se tarie.
Petit à petit, nos mains se desserre, nos liens se détendent, doigt après doigt
Peau après peau nous lâchons prise, repliés sur nous même nous tombons au sol
Prêts à nouveau à nous casser, à nous user, à nous confronter au monde.
Nos cœurs à la recherche du son de ce tambour, suivre à nouveau ce chemin.

Je retourne à ces longs silences, ces bons moments,
Je laisserais les douleurs dialoguer avec les sillons
creusés par mes rides aguerries, une de plus, mes larmes cueillies
aux fleurs glacées de Février, devant l'eau sacrée de nos rosées.


Musique: Ed Sheeran I see Fire


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