Mille corps passés

 Mille fois traversés, ces passages oubliés, ces passants ignorés.

Mille corps vus, envisagés, désirant ces désirables déraisons.

Mille heures passées à vivre, à voir ces vies que l'on ne vit pas, que l'on envisage à peine.

Ces vies pleine de déveine, ces corps qui se devoilent à peine.

Il y a ce que l'on imagine, ce que l'on sait, ce que l'on rencontre, ce qui nous percute et ce qui nous quitte. Il y a les regards et les gestes qui rapprochent ou que l'on détestent sans dire, sans rire.

Je vois ces filles aux regards doutant, jugeant, situant leur silhouette sur l'échelle incongrue d'une hiérarchie saugrenue. Enviant la liberté de ceux qui regardent au loin, qui rient à gorge déployé, qui gueulent à en perdre l'écho, qui grondent et qui aiment sans concession. Mais qui malgré l'envie n'y cèdent jamais, luttant pour ne jamais rien pardonner, rien laisser passer et tout attendre d'un avenir meilleur.

Je vois ces gars en quête de sens et de geste, de tendresse et de puissance. Enviant la douceur de ceux qui partagent et acceptent les vagues qui les submergent. Puisant leur force dans le partage sans jamais en perdre l'essence ni les racines. 

Je vois les électrons libres d'expérimenter les possibles, de brouiller les pistes et les genres et de rendre hommage aux complexités humaines. Je vois la peur qu'ils suscitent et le rejet qui s'excite sur leur passage. 

La chaleur touche tous les corps, la sueur coule sur toutes les peaux. J'en ai vu Mille et plus encore, tous différents et tous semblables. La seule chose qui les anime, les sublime, les magnifie, c'est cette âme libre et sereine, cette flamme vibrante et fragile lorsqu'avec courage, éloignée des heurts et traumas elle apparaît survivante et intense.

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