Conservatoire des esprits

Valentin Ottone


Les envies sont souvent contradictoires. Le plus dur c'est de savoir au fond ce qui est utile. On

n'arrive rarement à déceler l'utile du futile. La broutille de l'essentiel, car c'est souvent une

question de perception, et de ce fait de respect de la pensée d'autrui. Si notre système de pensée

nous donne l'impression que certaines choses sont essentielles, cela n'est valable que pour nous,

mais comment peut-on critiquer ce fait. Les envies nous envoi des pulsions, parfois amicales,

parfois moins, nous cherchons à les combler ou les refréner. Mais les envies et la spontanéité sont

les grandes tortures de l'âme, car quand la première change, la deuxième est souvent déjà passé

par là et laissé ses traces.



L'on construit nos relations, comme on gère ses envies, on y calque ceux-ci sur des personnes,

des gens, des entités. Si l'on arrive à s'expliquer sur la façon dont on les voit, ce que l'on espère

d'eux, c'est déjà au loin que pointera le bout de la déception. Pernicieuse et lucide, elle s'approche

toujours dans notre dos, et pourtant, nous avions toujours le temps de nous retourner pour la

voir se rapprocher. Nous l'avions toujours sentie arrivée, même aux instants les plus rassurants.

Car les gens ne sont jamais ce que l'on attend d'eux, ils ne rendent pas toujours la pareille, ils ne

sont pas toujours à l'écoute. Ils font souvent semblant de tout, de l'écoute et de l'attention, ils font

semblant, leur intérêt mesuré sert le bienfondé de leurs avantages à en tirer. Des meilleures

intentions, aux pires bassesses, il n'y a des fois que le temps d'un soupir. Dans cette danse rapide,

les mouvements des gens sont servis par ces actions, tant et si bien que tout nouvel arrivant, se

met lui aussi à suivre le tempo. L'on veut tout savoir de quelqu'un, tout ce qu'il veut bien nous

dire et on a la prétention de croire qu'on le connait bien, jusqu'au jour où la déception apparaît et

qu'elle nous touche autant que la personne concernée. Peut être vaudrait-il mieux rompre cette

danse et changer de tempo, prendre le temps, sentir les autres, apprécier les silences plus

révélateurs que les grands discours, tendre vers l'âme et moins vers la connaissance éphémère.

J'eus rencontré un musicien, qui toucha mon âme avant de parler à mon être. Il glissa dans la

ponctualité de nos rencontres, l'essentiel qui lie les hommes. Il me refit croire en l'infini de l'âme

humaine. L'on ne sait que très peu de choses l'un sur l'autre, mais ce lien qui nous lie, dépasse cet

intérêt éphémère et sans saveur de ce que l'on peut aimer ou détester pour aller directement à

ce que l'on est. Nous avons en nous, une création unique et complexe, visible par extension de

nos pensées dans nos sons, nos notes, nos mots, nos gestes. L'amour que j'éprouve est égrainé

par la déception, de cette volonté de calquer sur l'autre une attente vitale. Il peut être blessant

d'incompréhension, car il n'y a souvent que très peu de personnes qui s'intéresse à votre âme et

vous vous intéressez à très peu d'âme également. Peut être que c'est que peu de personne n'ont

conscience de la portée de cet intérêt, et que sans réciprocité, les relations sont incomplètes.

Après est toujours ce doute qui survient...

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