Point trop n'en faut
C'est surement dans l'air du temps, nous sommes pétrifiés par nos attentes, nous sommes spectateurs de nos destinées.
A un moment donné, il n'y a plus d'action, de concret et les éléments de nos pensées ne sont qu'une suite sans fin d'attentes et de frustrations.
La frustration qu'on ne maîtrise rien au fond. La frustration que jamais les choses suivront le cours que l'on avait souhaité, la frustration que notre bien-être dans cette société n'est parfois liée qu'à un regard, un intérêt, une attention. Il n'y a plus le qui, mais le ressenti. La société est devenue entité à part entière, une somme de personnes, de personnalité, de bons mots qui a bon dos.
Nos responsabilités se diluent dans la masse, nos inactions se diluent dans l'espace.
Plus nous centrons les choses sur la vacuité de nos personnes et plus le vide envahi les blancs.
L'introspection devrait permettre à chacun de creuser au fond de lui, d'y trouver les qualités qui lui font défaut, qui lui permettrait de compléter ces personnalités bancales, mais nous sommes dans l'extraverti de nos intimités, de nos quotidiens, rendant ces moments publics, nous en ternissons la saveur.
Tout le monde, n'est personne, naît comme une personne mais ne devient jamais rien quand la perception de connaître empêche d'aller vraiment au fond des choses.
On vit quelque chose et on souhaite le partager, mais le partage n'est rien, car un aperçu de ces moments suffit aux gens pour croire connaître, partager.
On croit se voir, mais on ne fait que se croiser, on croit discuter mais on se dit toujours les mêmes choses, jour après jours, seulement quelques mots, comme une routine, une politesse...
Rien de pire qu'une politesse couvrant de son manteau une vraie discussion, une réelle écoute ou une franchise bien sentie.
On doute de tout, on regarde de travers celui qui hier, nous serrait la main. Parce qu'un mot, un regard, une mimique bien sentie pourrait faire valser ce qui a mis des années a se construire.
On passe de l'un à l'autre, on imagine bien que celui qui est devant nous, sans le connaître vraiment pourrait en forçant quelque peu entrer dans le moule que nous avons construit pour lui. Patiemment, un travail de sape, permet tout doucement d'arrondir les angles, de déplacer subrepticement et sans qu'on s'en doute de faire rentrer dans nos fantasmes ces nouvelles personnes. Et à la moindre frustration, la sentence tombe, la rancœur, la vengeance que sais-je les reproches. En veut-on à l'autre de ne pas être notre idée irréelle, fantasmée de nos envies et nos besoins à combler ?
Il semble que nous n'avons pas le temps, il est temps, nous n'avons ni temps à perdre et pourtant tellement à gagner. Mais pour cela il faut accepter, cette frustration première, cette sensation de perte, de fuite, de désamour. Sommes-nous vraiment si seuls que loin d'un contact c'est seulement le regard que l'on souhaite ?
Commentaires