Souffle court

J'entends le vent,
Parfois en bourrasque vrillant mon esprit,
Parfois en rafale tentant de me faire vaciller.
Je l'entends siffler dans mes oreilles,
Sombre, irritant, pernicieux,
Lancinant et pauvre fou.

J'entends le vent,
M'empêchant d'accéder à l'au-delà,
Derrière les sourds échos des vibrations.
Je le vois faire ployer,
Essayer à l'usure, à la longue de m'avoir.
De m'aplanir, de me capter, de m'effondrer en ais-je le droit ?

Je sens le vent,
Rabattre devant mes yeux mes cheveux soumis,
Dresser les barricades au-devant des possibilités.
Je ressens sa force s'exercer sur mon corps,
Ralentir les élans, ou pousser aux excès.
Courir sur ma peau et la découvrir.

Je sens le vent,
Sa morsure glacée, ses sillons creusés
Tentant de gercer les lèvres et de couper les mots.
Je connais les dangers, je vois les récifs
Je sais qu'il attend toujours le noir,
Pour me pousser, frêle esquif vers une voie sans espoir.