La maîtrise de tout

Tout part d'une croix, une croisée de possibilité. On a toujours le choix, mais c'est possible d'être paralysé face à trop de possibilités. La liberté est un luxe qui peut devenir torture quand on se persuade d'être maître de nos destins.
Sommes-nous si importants que nos choix auraient comme l'effet papillon le suggèrerait des conséquences irraisonnées. Une part de nous le souhaite, on aimerait tellement maîtriser le temps, ses effets, les choses et les gens, leurs pensées leurs actions... Une part de nous le redoute, devant telle maîtrise qui accepteraient les conséquences, oh pas les bonnes bien sûr mais les mauvaises, celles qui titilleraient l'honneur ou les valeurs, la droiture si tant soit peu qu'elle existe encore.
Lorsque l'on devient dépendant, aux choses, aux gens, on cultive toujours cette peur de la perte, comme-ci, elle était toujours le résultat d'une erreur.
Vous n'avez plus d'argent ? Mais vous l'avez surement mérité, mal géré, dépensé, n'avaient pas travaillé assez...
Vous êtes seul ? Mais surement est-ce la conséquence de vos actes, de ce que vous êtes, d'un problème ou un caractère qui n'engagerait personne à vous plaire...
Vous êtes déprimé ? Mais c'est votre faute, vous ne voyez pas les éléments de satisfaction qui vous entoure, votre vue est brouillée, vous êtes "défectueux"...
Il semblerait que l'on veuille à tout prix, imputer aux gens des causes étranges à leurs malheurs, des causes où pour préserver notre bonheur ou le peu que l'on a acquis, on affirmerait que leur situation ne serait que le résultat de leurs actions.
Vous êtes "responsables !"
N'est-ce pas pour se persuader que cela n'arrive qu'aux autres ? Qu'ainsi si vous faites ce qu'il faut, vous n'aurez rien à craindre ? N'est-ce pas une illusion ?
Il n'y a parfois rien de juste dans la vie, ne dit-on d'ailleurs pas " les meilleurs partent en premier", mais cette idée que des choses nous échappe et que nous ne pouvons rien y faire mais juste s'y faire est tellement difficile à accepter dans notre esprit que nous ne laissons aucune place à l'inconnu, au mystère, à la foi, tentant vainement de trouver des explications à tout, et après.... Qu'en fait-on ?

Loin de moi, l'idée de dire qu'il n'y a pas de conséquences à nos actes, conséquences prévisibles pour la plupart, bien sûr que nous sommes libre d'agir, de changer les choses de notre vie qui nous rendent malheureux. Bien sûr que la remise en question permet d'avancer et de parfois changer ce que l'on est pour arriver à réaliser nos projets. Mais il n'y a jamais UN responsable, toujours une somme d'individualités, d'actions et conséquences croisées, jamais de manichéisme de nos êtres ou nos actions. Mieux se connaître, accepter nos défauts, nos erreurs, nos limites, nos malheurs, c'est comprendre que nous avons notre part de responsabilité, mais c'est aussi admettre que ce que nous sommes est le fruit d'expériences et rencontres et réactions passées. C'est aussi comprendre que l'autre, cet étranger lui aussi doit se mêler à sa propre individualité et que nous ne pouvons maîtriser ses réactions.

Le début du bonheur, c'est peut être de commencer à accepter que nous ne maîtrisons pas tout, que nous ne sommes pas responsables de tout mais que nous sommes vivants et soumis aux éléments afin d'en faire autre chose.

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