Larguer les amares

J'apprends doucement à me détacher. C'est peut être facile pour certains, pour d'autres inné, mais ceux qui comme moi, ne savent ni faire semblant, ni faire à moitié mais seulement vivre intensément... c'est un apprentissage. Fait de doutes, de tentatives et d'échec, de douleur et de petites victoires qui tissent un espoir nouveau. Quand je te parle, c'est avec mes tripes et mon âme, mon cœur à nu, mon esprit investi dans cet échange qui sera peut être fugace, peut être seras-tu locace, poussé par cette attention totale à ce que ton être a décidé d'échanger avec moi. 
Quand je te regarde, c'est au fond des yeux, j'y vois ce que tu veux montrer et me dire mais surtout le reste, la tristesse voilée, le doute dissimulé, la vulnérabilité. Souvent je ne te regarde pas, je t'aperçois et te cerne mais regarde juste à côté, en bas, en haut, j'en vois souvent déjà trop. Ce n'est pas de la timidité mais la pudeur de préserver tout ce que tu n'es pas prêt à dévoiler et que je vais identifier et dont je ne saurai que faire tant que tu ne voudra pas regarder toi-même la vérité en toi.
Alors bien sûr, je sais aussi parler de la pluie et du beau temps, des vacances et des journées mais sais-tu que rien ne me remplis dans ces palabres polies dont on a éteint la flamme.
Alors j'apprends à me détacher, comme un ballon envolé dont la ficelle s'est enroulé autour d'une branche et qui croit qu'il ne pourra plus voler sans elle. Comme un bateau largant les amares qui pensait qu'il était voué à flotter dans le port.
J'apprends à regarder ce qui est et non le meilleur en l'autre, ce que je voudrais, ce qu'il pourrait devenir mais ce qu'il est, avec ses promesses défaillantes, ses pensées creuses, ses rendez-vous oubliés, ses failles. Je les voient et les embrassent comme autant d'occasions de me détacher de ce que le comportement d'un autre pourrait troubler de ma sérénité.
Chaque blessure devient leçon, chaque cicatrice devient rappel et petit à petit, l'attaque se fond dans l'esquive, le douleur s'évanouit dans le néant. Ne reste que moi-même avec ceux et ce qui s'équilibrent et se respectent, célébrant dans un sourire et une caresse l'extraordinaire aventure quotidienne de se connaître.

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