Pleine lune de toi

 Au détour d'un regard, entre les immeubles assombris, elle se révèle sous un voile presque transparent.

De sa forme parfaite, de sa rondeur douce et lumineuse, de son éclat veillant sur nos nuits. Elle est pleine, elle est entière, complète, rien ne peut ajouter à sa beauté, rien ne peut être enlever à sa réalité.

Attirés, chacun voit en elle une part de lui, une attraction qui déplace l'eau, la mer, qui rend visible le souffle froid du vent d'hiver soulevant de terre la poussière et qui teinte de bleu-gris les facettes cachées de nos êtres.

Dans ce décor repeint en gris, le blanc éclatant survit aux ombres envahissant nos vies. Les pétales survivants des pâquerettes téméraires viennent éclater en étoile sur ce ciel sombre qu'est devenu l'herbe. Où est le haut ou le bas, tout se mélange quand son reflet prend essence dans les miroirs d'eau des flaques sales des trottoirs abandonnés dans la nuit.

Le blanc fantomatique de ta chemise éclaire dans la nuit, le phare de mon cœur. Je suis le spectre de mon amour, je marche derrière les souvenirs de ta peau cachée derrière ces tissus immaculés. Dans la rue emmitouflé où seul un bout de manche duquel dépasse ta main ou derrière ta fenêtre, dans le noir, le regard cherchant le mien dans l'immensité de la nuit. Ta main, ta main... 

Tout n'est que reflet, illusion d'un semblable, dans la vérité bouleversante de la lumière lunaire. Chaque bout de ta chair que tu découvres lentement, retrouve un peu de vie, loin de l'illusion mais se rapproche de mon souffle qui se repose dans tes creux. Chaque espace, chaque plein me remplit les yeux d'une beauté savoureuse, délicieuse.

La présence ou l'absence peu importe, je te sens, je te vois te perçois. Ton souffle dans mon cou, ta présence quand mes yeux se ferment et toi dans mes pas, derrière moi. Tes mots inscrits dans mes oreilles me chuchotent tes mots lumineux qui se gravent instantanément sur mon cœur. Tatouages partout sur mon corps et mon cœur, tu es tatoué aussi dans mon âme et le temps, l'âge révèle chaque jour tous les reflets de ces écritures nouvelles.

Ni mes cheveux prenant les reflets d'argent, ni ma peau dont tes gravures se font de plus en plus profondes n'enlèvent le charme de ces instants. Et sous la lune pleine et ronde, à nu devant le monde endormi, tu me déchiffres et me transperce, m'emmenant quelques instants dans une autre dimension, seuls et puissants, regarder le monde d'en haut, sous ce regard nouveau.

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