Bad transmission

 Il y a toute cette colère, accumulée, patiemment collectée. Elle vient comme du fond des âges, elle vient de l'enfer et du paradis. Elle vient décuplée par le temps, jamais déchargée vraiment. 

On l'a laissé brûlée, abîmer de l'intérieur, écouler les brûlures folles, consummer les intentions, les volontés, envolées en fumées. 

Elle s'est transmise en moi, je n'ai pas vraiment eu le choix, elle était déjà là. Qu'aurais-je pu en faire ? Les mots qu'on ne dit pas, la confiance qui tue, il n'y a pas d'endroits sûr.

Il n'y a plus le temps, le délai est dépassé, écoulé la vie rêvée, il ne reste que la vérité nue, que les corps nus, que les âmes liées, reliées, enlisées dans leurs certitudes, bousculées dans leurs doutes. 

Si je n'ai plus rien à perdre, si j'en perds le Nord. Si un jour tu me vois forte et prête à soulever toutes les montagnes. Si ensuite je me brise en mille morceaux qui se recollent sous la lueur de la lune.

Je ne peux renoncer, je ne peux accepter, je veux construire ma propre voie dans des possibilités que tu n'imagines même pas. Je veux libérer mes ancêtres de leur chaîne, de leur haine, de la violence constituante, libérer la voie brisée qui ne cri pas. Cette énergie n'a plus de temps, plus la patience, ne supporte plus de faire semblant. Elle doit aller vite, droit, là elle est créatrice avant de se perdre dans la matrice.

Qui sait qui en ressortira vainqueur, en survivra après avoir été vaincu. Je vois les flots calmes, la mer apaisée, dans laquelle les reflets bercent les guerriers. Ceux à qui, ont a enlevé leurs armes, interdits de combattre, maintenus dans des peurs factices. Pas le temps de juger, pas intéressée par votre réalité.

Alors je laisse brûler ce feu en moi, la passion, la sueur, le désir, accepter de soumettre, avoir le dessus, j'accepte la lutte, la difficulté, la maîtrise et l'art de manier la sensualité au profit de la profondeur. Chaque instant doit compter, intense.