Histoire d'automne

A pas feutrés sur les tapis craquants, ils avaient revêtus leurs plus belles couleurs chaudes. Les jaunes tendres, les oranges de peps, les marrons chauds, les rouges envoûtants.

Ce matelas multicolore accueillait chaque pas, amortissant l'inquiétude, réconfortant ces semelles usées, ralentissant les allures pressées. Luttant contre le vent, le temps, chaque feuille volante tentait de ralentir leur chute. L'air salvateur, qui supporte, qui permet de flotter, de vivre encore quelques instants. Vivre en tourbillonnant, scintillant lorsque les éclats du soleil se reflètent, vivre en suivant son rythme, vivre en sentant l'air nous soulever, une dernière danse avant la fin. Avant la tristesse et le chagrin de ce qui n'est plus, du souvenir déjà passé, de la dernière seconde d'un éclat sublimé.

Dans son manteau d'automne, l'ocre et le noir se voulaient l'écho de ce moment offert par la nature aux yeux encore ouverts, pas encore embrumés, pas encore abîmés, lassés, blasés. Chaque pas, enroule sa mélancolie autour d'elle un peu plus serré et révèle une sensualité nouvelle. La beauté d'une tristesse acquise, d'une survie battante, vibrant dans les tempes, d'un œil plus brillant que les reflets de l'eau. Le mystère de ceux qui marchent avec le cœur gros, aux bord des larmes et des yeux, prêt a s'écouler jusque dans les mains, à guérir d'une caresse. Le mystère de ceux qui rassemblent tellement d'humanité en un regard et un geste.

C'est là qu'elle allait marcher, qu'elle oubliait, qu'elle était l'anonyme et la sublime, à la fois rien et tout, un grain de sable et le rouage, le désir et la capacité profonde.

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