Dans le silence monstrueux

 On ne les voit pas couler ces larmes. Derrière les barreaux de sa prison dont les murs ont été construits patiemment. Tout est calme. Il y a pas de heurts, pas de cris. 

La beauté du silence troublé par l'air qui s'échappe des lèvres entrouvertes. Le froid et la vapeur de la vie qui s'enfuit sans demander son reste.

On ne les entends pas couler ces larmes. Flot lent dévalant les pentes sinueuses et accélérant dans les creux fuyant vers les falaises. Des torrents qui ne feraient aucun bruit.

Ça commence par un oubli. Un jour on nous oublie. Un acte manqué, une soirée où l'invité ne vient pas, un message qui ne reçoit pas de réponse, juste le silence.

On a toujours cru qu'il serait tant, encore, qu'il y aurait demain ou le jour d'après et qu'on pourrait avoir ces conversations et ces mots que nous n'avons pas échangés.

La douleur silencieuse qui perce le cœur, l'abandon qui nous laisse seulement flotter dans les airs. Le rêve de cette main tendue, de cette douce étreinte, de ces mots véritables, le réconfort.

On les voit vraiment, dans leurs costumes trop blancs, leur histoire sans fin, leurs bordels vacants, les mots vides et les yeux fuyants. Les monstres vivent parmi nous et ne se cachent plus, ne s'excusent plus, les monstres... c'est nous.

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