Sens dessus dessous

 Il y a une perte de sens. Sens commun ou sens pratique. Une perte c'est certain. 

Chacun de nous, saturés de visuels dérangeants, d'interactions forcées dans nos conduits les plus intimes. A l'intérieur de nos maisons, de nos foyers, de nos êtres résonne en nous comme un gong, les échos des ondes perturbantes.

Cernés de danger, isolés derrière nos écrans, nous cherchons en urgence une manière de nous connecter, de nous relier à ce qui reste d'humanité dans les instants fugaces de vérités.

Nous donnons à quelqu'un, quelque chose pour faire ce qui pourrait nous aider à définir nos êtres, avoir l'impression de nous reconnaître. Retrouver un pouvoir, une action, un espoir, une satisfaction. 

Nous pensons toujours qu'il y aura un lendemain, une occasion de changer ce qui isole, ce qui clive, ce qui méprise et rabaisse. Mais nous attendons toujours ce lendemain pour décider de changer, de contrôler ces paroles, d'adoucir nos mots et nos gestes et aussi nos pensées.

Nous souhaitons toujours racheter ces fautes imaginaires, ces culpabilités intérieures, ces dilemmes se valeur sans nous rendre compte que les autres n'attendent plus. Ils vivent et verront ce qui vous déciderez d'être et de devenir. 

Rien n'est plus immuable. Dans le bon ou le mauvais, on ne peut plus se fier à rien et surtout pas dans le temps. Chaque étape et chaque jour est une occasion de redéfinir et affirmer un choix et un chemin.

Il y aura des erreurs, des jours sans, des fatigues insurmontables, des envies de rien. Il y aura aussi des fulgurances magnifiques, des sourires et des tendresses spontanées, des changements inspirés. 

Regardons en face, indignons nous, refusons aussi. Risquons le refus, posons des limites. Retrouvons-nous et regardons nous dans les yeux, en sentant cette respiration rythmique des vivants, en posant notre ego un instant avant de retrouver nos masques pour rejouer les valses mécaniques dont les tours nous feront à nouveau perdre la tête.