Départ

Je suis entrée sur la pointe des pieds, en frappant.

J'étais passé devant la porte à plusieurs reprises, en attendant mon tour, levant les yeux vers ces lumières témoin silencieux de la présence, de la vie.

Je n'étais pas pressée d'acter les adieux, je n'étais pas certaine de vouloir finir cette étape.

J'ai respiré, alcoolisé mes doigts, j'étais cachée un peu, drapée sans doute.

Nous y voilà, nous y étions, à ce moment du départ, où nous échangeons des banalités pour calmer les cœurs, où nous échangeons du factuel pour calmer les peurs. Ce ne sera qu'à demi-mots, qu'à coups de sous-entendus, de délicates formulations que transparaît ce lien qui se coupe.

Ce n'est que dans la profondeur du regard qui se trouble, de la gorge qui se noue que l'on voit tout le chemin parcouru. Du déni à la colère, du mépris à la misère, du rejet à la détresse, de la main tendue à la compréhension, de la confiance à l'acceptation, de la maladie à la guérison. A chaque étape, à chaque pas non fait, chaque chute viscérale, chaque larme versée, chaque défi relevé, chaque rejet tempéré, chaque espoir porté, ce fut le chemin.

Pour l'un et l'autre, un mélange de joie et de crainte, une envie que cette parenthèse protectrice, bienveillante perdure encore un instant.

La fierté de l'envol qui est prit aujourd'hui, du meilleur à venir, du possible avenir qui se confronte à ces mots "j'appréhende de partir, j'étais bien ici". Le temps a permis d'aller mieux, les soins ont permit de guérir les blessures, l'écoute a permis de faire renaître l'envie, la joie a contré le désespoir, la bienveillance à soutenu et a relevé celui qui était à genoux. Chacun a donné, a essayé, a persévéré, a patienté et tous ont réussi.

ça.... c'est ce que je fais de mes journées.

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