Boîte à musique
Tu es monté dans mon grenier
Tu as grimpé patiemment les marches
Qui menaient jusqu'au royaume oublié
Des choses vidées 'abusées
Tu as poussé la porte poussiéreuse
Tu as fait grincer les gonds usés
Dans un clair-obscur étrange
Tu t'es fait peur, surpris
Te frayant un passage dans la frayeur troublante
Parmi les monstres aimés, les lueurs floutées
Tourné sur toi-même, allé et retourné
La terreur aurait pu s'emparer de toi
Tu as soulevé les draps, les ombres,
Tu t'es immiscé derrière les apparences
Et là tu l'as vu, ce qui se cachait
Derrière ces monticules incohérents
Derrière cet univers déstructuré
Accroupi dans la pénombre,
Les yeux dans les yeux
Tu l'as regardé
Tu aurais pu dessiner les yeux fermés
Ses courbes, ses creux
Tu as appris, heure après heure
La moindre de ses aspérités
Tu as apprivoisé, jour après jour
La moindre de ses respirations
Et enfin, tu l'as prise dans tes bras
Posée bien à plat
Comme si elle allait fondre sous tes doigts
Tu l'as ouverte
A l'intérieur tu as vu, l'occupante
Elle était là et t'attendais, si fine, si belle
A peine tes yeux avaient entrouverts ce trésor
Quelle se mit à te parler
Plus qu'un murmure, moins qu'un chuchotement
Plus qu'un soupir, moins qu'un étourdissement
Elle a tourné, tu l'as regardé
Elle a ralenti, tu as attendu
Mais à peine avait-elle fini que déjà
Tu ne pouvais t'empêcher de l'imaginer tournoyer encore
Tu avais besoin d'elle pour entendre cette mélodie que tu connaissais déjà
Elle avait besoin de toi, pour exister l'espace d'une manivelle
Tu avais besoin d'elle, pour te souvenir, sourire
Elle avait besoin de toi, pour sortir de l'oubli encore une fois
La suite, on la connait
Tu sortiras de ta torpeur rêveuse
Tu refermeras sur elle ta malle nostalgique
Tu repartiras loin de cet instant magique
Où un jour tu auras pu être ébloui
Par la profondeur oubliée d'une boîte à musique.
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