Fin de la danse

On a dansé ensemble sous la lumière des projecteurs. Une lumière magnifique, une vision de l'univers, d'infinie.
Quand j'ai tourné les yeux vers toi, tu as pris vie sous mon regard, tu as pris confiance dans mes silences, dans mes iris de bienveillance.
De rien, de toi je n'avais pas besoin, je suis un être libre et indomptable, un esprit vif, insaisissable.
J'ai tendu la main pour que tu la prenne et que dans cette danse je te mène, vers un possible optimiste, vers un ailleurs exotique.
Je t'ai guidé sur mes pas, je t'ai enseigné mes lois, je t'ai montré qu'à chaque instant, tu es libre de tes choix et en dépend. Tu as saisi tous ces moments que je t'offrai sans retenue, sans limite, sans fin.
Tu as voulu de mon chemin, tu as voulu en faire le tien. Tu y as cru pendant un temps, grisée par tous ces sentiments. Tu me voyais dansant libre dans la lumière, tu me sentais intense et ivre de découverte. Tu comparais et essayais de ressembler à ce que tu voulais vivre.
Mais quand le rythme est exigeant, quand les mouvements intransigeants sont les garants de la beauté, de la pureté de ce que l'on est. 
C'est à ce moment précis que le ballet s'est terni, qu'au fur et à mesure à contre temps, tu as cherché à changer les gens. Tu as tenté de m'entraîner dans les errances de ta danse, tes recherches de balance, l'instabilité sans cohérence. Avec mensonges et dissimulations, tu as voulu m'éloigner de ma liberté, de mon bonheur, de mes valeurs, des miens.
A chaque nouvelle mélodie, entre ce que tu fais et dis, l'écart se creuse de plus en plus. C'est là qu'est née en toi la jalousie.
Cette graine que tu as entretenue, que tu as fait pousser. A chaque échange, à chaque pas tu attendais que la lumière soit sur toi. A chaque doute, les projecteurs devenaient moins forts et il te fallait redoubler d'effort pour ne pas montrer ta frustration. Parce qu'à mes côtés, rien n'aurait été suffisant. Tu as voulu détruire ce que tu ne pouvais atteindre, tu as voulu me dire que ce n'était pas assez bien, quand tu n'y arrivais que si peu.
J'ai bien senti que ce ballet était trop pour ce que tu pouvais donner. J'ai bien vu la fuite dans ton regard, senti les fausses notes dans tes mots. Plus la chorégraphie avançait et était subjugante et plus ton aigreur grandissait vers la colère.
Chaque mouvement est devenu fade, chaque intention contradictoire et plus tu affirmais et moins on y croyait. Jusqu'au moment où la musique s'est arrêtée, pour de bon. 
Je me suis arrêtée de danser, je t ai regardé, tu ne dansais plus mais tu gesticulais dans l air. Tu ne donnais plus mais tu te débattais vainement. Tu hurlais que tout allait bien, tu poussais les uns et les autres pour qu'ils continuent avec toi ce que tu prenais pour une danse. 
Encore une fois, peut-être en souvenir de ces pas échangés, de ce rythme que nous avions partagés autrefois, pour te sauver de ta haine et ta virulence je t'ai à nouveau tendu la main. Tu aurais pu voir ainsi la beauté et l'amour, la liberté et la vérité, l'élévation de l'esprit et du corps. Mais tu n'as rien vu. Empêtrée dans les mensonges et la fuite, tu n'entendais même plus la musique. C'est aveugle et en riant que tu es partie vers une autre danse, une nouvelle chorégraphe qui ne verrait pas qu'encore une fois c'est la danse d'une autre que tu t'approprieras un temps seulement.
C'est une nouvelle danse moi aussi que j'ai entrepris. Inclusive, passionnée, vivante, apaisée. Ma danse rassemble et s'ancre au présent. Mes mots noircissent le papier ou s'envoleront dans les airs, mais ce que je fais marquera les esprits comme une caresse réconforte un cœur meurtri.

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