Certains soirs

Certains soirs le cœur se fissure, de cette fêlure jaillira la lumière. Les rayons fuyant attirés par la liberté, s'étirant vers l'éternité sans se limiter au temps, aux parois. Ces rayons magiques, brillants, comme un cri perçant faisant éclater la pureté d'un cristal.

Certains soirs, se produit comme une déchirure, une voix étouffée dans la nuit, un refus, une parole que l'on ne veut pas écouter. Le bruit autour est trop fort, les gestes pressés, les gens embrumés de leurs propres pensées, de leurs désirs déchirant le silence, couvrant les mots répétés pourtant. L'amour brutal, emportant tout sur son passage. 

Certains soirs, on aime trop fort, trop mal. On se blesse, on se brûle, on se noie, on se croit...invincible, mais quand le cœur se craquelle on se voudrait juste invisible. Laissez là ce corps encombrant qui lutte et souffre aussi. Laissez là les plaisirs, les désirs, les caresses ressenties comme des gifles, les mots doux qui secouent, les regards qui déshabillent sans fard et sans pudeur, les attentes qui griffent et le sang. Le sang, qui bat, le cœur qui souffre, l'air qui se raréfie, étouffer.

Certains soirs, le regard est loin, dans la vie, dans le vide. Pour fuir, ce qui n'est pas, ce qui aurait pu être, les regrets, la main qui a trahi, les lèvres d'où s’échappe ces mots que l'on ne veut plus croire, l'espoir déçu, le rêve déchu, les ailes trop lourdes pour s'élever, le corps un peu déplumé chaque touché abîme la chair autant que l'âme fut brisée.

Certains soirs, les larmes ne coulent plus, seulement deux gouttes et on est à sec. Asséchés les terres fertiles de l'amour, tout pourrait brûler, partir en cendres. On saurait que malgré tout, avec le temps renaitrait de ces cendres la vie, l'espoir à nouveau. Comme un rêve dont on perd le contrôle, la lueur de ce doux rêve continue de briller même faiblement dans l'obscurité de... certains soirs.

 

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