Automne

C'est donc ici que commence ce chapitre.
Dans ce lieu de passage où se cotoient les chemins improbables.
Les trajectoires déviées des amants maudits, aux amis manquants,
Des défis impossibles, des échecs interdits, des tentatives avortées.
Et celles, plus heureuses des amoureux volant des baisers à l'éternité de leurs étreintes endiablées,
Des retrouvailles enjouées, des moqueries malhabiles, des stressés pressés.
Déterminés, minés, perdus, oubliés, allants et chalands.
Tous se cotoient, se croisent, se jaugent ou se jugent au détour d'un coup d'oeil furtif.
Posés quelques minutes, à défaut quelques secondes sur ce spectacle vivant, sur ces vies en allant.
Il y a ce regard rageur et ces reproches non-dits qui brûlent le regard de celle qui est suspendue au fil de son téléphone comme au fil de sa vie.
Ce pas mal-assuré dans cette foule si rapide, de celui pour qui le rythme est bien trop effréné pour pouvoir suivre le poids des années.
Le sentiment du devoir accompli, poussette à l'appui, de ce père pour qui, café et amis pourraient bien rassurer son quart d'heure de folie.
Cette solitude, froide et dure contre laquelle sont serrés tous ceux qui retrouvent dans le sol qui défile sous leur pas un réconfort éphémère.
Il y a les épicuriens, allongés dans l'herbe, se réchauffant sous les quelques rayons de soleil qui arrivent jusqu'à leur peau blaphane.
Les voyageurs bariolés, tels des papagayo à l'accent chantant, aux oreilles, douce mélodie d'ailleurs, ils repartiront déjà vers d'autres contrées.
Les lecteurs de la moindre occasion, attente du bus, du client, du temps, leur fidèle compagnon, aux pages un peu jaunies, parfois volantes, prêtes à s'envoler et reprendre leur liberté et ainsi faire s'échapper leurs pensées.
Les mélomanes intérieurs, en extension de leur veine, parcours sur eux les fils qui font vibrer leurs êtres, bouger leurs doigts, battre la mesure et le pavé.
Et enfin, il y a les spectateurs immobiles, silencieux et absobés par ce magnifique ballet sur lequel entre deux averses, volettent à un autre tempo, les feuilles dorées, rouge-orangés qui se posent avec délicatesse pour craquer sous les souliers des vivants.


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