Permis d'être

Il y avait cette chanson de Katie Melua qui commençait par "There is nine million bicycles in Beijing, that's a fact, that's a thing we can denied like the fact that I would love you to like that".
Loin d'une histoire de vélo, de roue, de trajet, de moteur ou d'huile qui tâche.
Il y a surement une histoire d'humain et de cœur.
Une histoire au fond de trajectoire, de chemins empruntés, croisés, de sentiments.
Pourtant pas nés sur des roues, quelle dépendance cela a fait naître chez les êtres.
Même les plus tournés vers la nature, les animaux, l'environnement.
Même les plus humanistes, les altruistes, les soit-disant bienveillants.
Quel regard envers la différence, quel mépris envers le non-équipé, même pas dissimulé.
Qui peut bien être le sous-être, vraiment qui ?
L'argument massue de la dépendance pointe alors le bout de son nez pour justifier l'absence, bien loin de la distance.
Ceux-là même qui ne peuvent rien faire sans leur volant,
qui ont oublié qu'ils ont d'abord appris à marcher, à parler, à interagir avec les autres humains, à échanger, à recevoir...
C'est ceux-là qui se retrouvent à reprocher aux autres leur manque d'indépendance parce que... ils n'ont pas de pédales sous leurs pieds, de moteurs vrombissants, de particules fines dans l'air, la possibilité d'être où ils veulent, quand ils veulent ?
Pourtant, ces êtres si libres et si indépendants ont-ils construits leur véhicule eux-même, fabriquent-ils leur carburant pour avancer eux-même, produisent-ils la nourriture qu'ils ingèrent ? De quelle indépendance parle-t-on ?
Mais qui est vraiment le plus libre ? Tant que tes pieds te portent, n'y a t-il des kilomètres que tu ne puisses avaler ? N'y a -t-il des endroits que tu ne puisses explorer ? Qu'est-ce qui va te retenir sinon les limites que tu t'imposes et imposes aux autres obnubilé par ta carrosserie et le temps qui passe.
Comme pour les travers sociétaux actuels, il y a là un souci de profondeur des sentiments. Bien loin de leur couleur, c'est leur facilité qui est recherchée.
Tant que cela est simple, accessible, rapide, monnayable, sans contrainte, dans une recherche simple d'un profit immédiat que ce soit en terme de sentiment et ou de relations.
Malheureusement pour eux, il a des trésors qui ne se révèlent qu'avec temps, bienveillance, échange, dons et efforts... L'amour ne se comptabilise au compteur.
Marcher des kilomètres pour atteindre les sommets pour enfin voir derrière les cimes;
explorer les forêts, les jungles pas à pas, découvrir sous les feuilles ce qui est caché;
Arpenter les chemins, les sentiers, les pélerinages, avaler les kilomètres et rencontrer l'autre, se croiser, se saluer, discuter;
Oser l'inconnu, le voyage, le stop, partir sans confort et se retrouver vraiment, prendre le temps.
Traverser les mers, les terres, le sable, l'herbe, la boue, debout, assis, en courant, en luttant, en marchant, c'est cela qui donnerait du carburant à vos cœurs asséchés, à vos jalousies glacées.
Les marches sont celles qui soulèvent des causes, qui rassemblent les gens, qui comptent, qui exilent, qui migrent, qui sont l'essentiel.
L'effort, le temps et l'échange est ce qui façonne les êtres et en font des Hommes plus grands.

Commentaires

Articles les plus consultés