Reprendre le contrôle

 Il y a cette volonté de reprendre le contrôle.

Maitriser quelque chose qui se passe en nous ou autour de nous. Éloigner et refuser les autres, leurs attentes, leurs envies, leurs questions. Connaitre la peur et la ressentir, voir les prémices, les risques. Savoir que le pire peut arriver, savoir comment y survivre. Il y a simultanément au cœur de l'être la noirceur qui se répand. Celle qui a été touchée par la haine, celle qui a été frôlée par le néant. Et en même temps la volonté inébranlable d'un espoir survivant et triomphant. 

Cette lutte est là, présente quotidiennement se ravivant à la lueur des regards, des paroles échangées. Cette lutte est sourde, deux lutteurs se toisant dans la pénombre du cœur, éclairés par des rayons partiels de lune ou de soleil. Les prises se font sans bruits, les coups ne provoquent aucun cri. On n'entend que le souffle, que le corps, que les pas. On ne voit que le sang, la sueur, la vapeur emplir l'air et rester en suspens comme dans un monde sans pesanteur. 

Alors quand sous le regard bienveillant, mon esprit doute, sous les caresses du plaisir me corps lutte, sous l'amour le plus pur je refuse ce don en même temps qu'il vient nourrir cette soif d'absolu, cet espoir triomphant... Ne sous-estime pas le combat que je mène, les horreurs que je sais possible, les monstres que j'ai côtoyés. Ne m'en veux pas, s'il t'est possible de griser un peu le blanc éclatant de ton amour que tu me clames et que tu me cris. Ce n'est pas une envie de gâcher les choses, noircir le désir ou la vie mais bien une nécessité pour me protéger et y survivre. 

Peut-être qu'un jour je ne pourrai que le recevoir sans l'éprouver, je pourrai le vivre aussi intensément et accepter de le perdre sans songer en mourir même une seconde, peut-être qu'un jour le combat sera terminé et alors qu'il y aurait un vainqueur, un nouvel équilibre serait à trouver. Un yin, un yang, un mélange où ça se côtoie sans se dissoudre. Peut-être que ce jour-là tu seras toujours là à m'aimer ou que tu seras loin depuis longtemps, lassé de me voir lutter et de ne jamais savoir qui va gagner. Ne m'en veut pas, si tu le peux de ne pas faire de toi l'enjeu de ce combat.