Notre quotidien

 Il y a eu cette vibration quand je t'ai approché. Avant même de réellement te toucher du bout de mes doigts.

Mon regard a suivi mon intention. Toute cette énergie crée quelques instants plus tôt nous a chargé comme des aimants d'un magnétisme puissant. Tout ton être du fond des âges, de tous les temps et tout mon être au-delà de mon corps mais bien de chaque parcelle de vie et d'esprit a ressenti ces vibrations magnétiques éveillant les sens. Comme un éclair invisible brûlant, comme un arc électrique éclatant.
C'est l'électricité qui nous pique au contact, qui nous rappelle que tout ceci n'est pas un rêve mais bien plus que le réel nous voilà dans une version divine.
Il n'y a qu'un écueil terrible à ces brûlures intérieures, à ces étreintes lascives.  C'est l'avidité avec laquelle nous ne voulons pas les arrêter. L'addiction terrible à la sensation d'être vivants et à la fois mortels quand nous luttons avec nos plaisirs divins. Car ce n'est bien que nos corps épuisés qui peuvent stopper l'abondance de l'esprit.
Et même encore côte à côte, nos peaux nous rappellent dans des électricités communicantes, notre lien éternel signe d'un élan d'immortels.

Quant au matin ou au soir, au détour du quotidien narguant nos besoins d'éternité, la détresse irraisonnée me déborde soudain. Quand le désir se transforme en rage, comme un nuage grondant d'un tonnerre menaçant, d'une pique transperçant comme la foudre enflamme l'arbre. C'est par le silence que tu me cueilles, la contenance que tu m'accueille moi et mes colères. Par tes mots et tes yeux tu apaises mon cœur trop petit pour contenir la magie et l'avenir aussi. Par ta bouche qui m'enchante, tu me fais te dévoiler la bouleversante émotion qui m'a traversé. Et puis on cherche ensemble comment faire pour toujours nous transcender, nous élever. Et sans trop crier gare, la colère est partie. L'émotion libérée de sa cage, en s'envolant, a délivré sur cette partition du quotidien une musique enchanteresse, délicieuse et libératrice; qu'une déesse fredonne aux oreilles des passants esseulés, qu'une sirène reprend aux marins perdus en mer, qu'une fillette comprend dans les yeux de sa mère.

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