J'ai pris le courage
J'ai pris le courage de dire.
Comme on prendrait son baluchon avant le grand départ.
J'ai pris le courage de dire.
J'y ai déposé en tas, au centre, tout ce qui me fallait pour la suite.
Il y a là des doux souvenirs d'enfance: des photos jaunies, des sourires innocents, parfois même quelques visages oubliés, des éclats de rire qui brisent les silences, la nuit.
S'y côtoient l'expérience et la sagesse que le temps m'a offert. Des années de lutte, de souffrance, d'échecs et d'avancées significatives, d'espoir aussi dans les crépuscules quotidiens qui renaissent au matin.
Y est né la rage, qui compose le courage. C'est l'élan qui manquait, l'étincelle au brasier. Cette rage qui n'était que malaise contenu, a profité que les paupières s'ouvrent sous l'effet de la légitimité pour sortir et se dévoiler au monde y offrant sa force légendaire.
Mais pour que la rage sorte de ce cou, cette gorge qui empêchait les mots de se dire, il lui a fallu la confiance. Une certitude de l'amour, un soutien inconditionnel, une douceur presque irréelle. Un amour plus fort que soi-même dont on ne se sentait pas digne jusqu'alors.
J'ai donc empaqueté minutieusement tout ce qui était au centre, protégé par ce tissage fin, noué autour d'un bâton de pèlerin pour entreprendre ce voyage.
J'ai ouvert la porte, j'ai pris le courage et j'ai dit.
Maintenant rien ne sera comme avant, et tout semble identique pour autant. Quand on fait éclater le silence en morceaux, chacun, alors réceptacle de cette parole en prend un morceau, regardant comme dans un miroir ce que cela produit en lui.
Peut-être en seront nous tous changés, en bien ou en pire personne ne saurait dire, mais tout du moins nous serons libérés de ce silence trop longtemps imposé.
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